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4 clés pour reconnaître et faire face à un manager malsain

Céline Hachet, psychologue, conseil en management et santé au travail (c.hachet@yahoo.com).

Le management malsain désigne une forme de gestion humaine en entreprise qui affecte le bien-être, la confiance en soi et la performance d’un salarié ou d'une équipe. Dans le monde du travail, certains spécialistes parlent même de management « toxique », les conséquences pouvant être graves. Céline Hachet, psychologue du travail à Metz, décrypte quelques-uns de ces comportements et propose des solutions pour celui qui est en victime.

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1 Identifier le profil. Bien souvent, le management malsain relève d’un manque de confiance en soi, mais d’autres raisons sont possibles (légitimité du poste, missions floues, manque de formation managériale). Le responsable va vouloir tout maîtriser. Il estime être le seul à être compétent et a donc beaucoup de mal à déléguer. Il existe plusieurs profils. Le « petit chef » d’abord, le plus facile à cerner, car agressif. Il se sent obligé de rappeler constamment son statut, en validant les congés au dernier moment par exemple, juste pour prouver que c’est lui qui décide. Il y a celui qui ne parvient pas à réguler ses émotions, passant d’un état euphorique à l’abattement. Il estime que c’est à l’équipe de s’adapter à ses humeurs, et non l’inverse. En exposant ses fragilités, il déstabilise puisqu’il est difficile de savoir comment il va réagir. Autre cas, celui qui fuit les responsabilités. Il n’a jamais le temps, ne prend pas de décisions et attend qu’elles viennent de plus haut. Enfin, celui qui a le comportement le plus insidieux, compliqué à déceler, est le manager « pote » : sympathique, disponible, il va profiter de discussions personnelles pour récupérer des informations et les utiliser pour mettre en défaut un salarié, quand il en aura besoin.

2 Ne pas négliger les signaux physiques. Les conséquences de ces types de comportement sont une altération des conditions de travail. Le salarié ne se sent pas compris, pas reconnu dans ses compétences. Le climat général se détériore, le salarié culpabilise de n’être pas à la hauteur. Les résultats de l’entreprise peuvent s’en ressentir si c’est toute une équipe qui est impactée. La démotivation, le stress s’installent. L’épuisement professionnel, voire le burn-out guettent. Certains signes physiques, des douleurs, des tensions en attestent. Ils sont les premières manifestations de pathologies plus lourdes qui peuvent survenir : dépression, accident cardiaque, AVC.

3 Savoir poser des limites. Lorsqu’un salarié se trouve confronté à un manager malsain, la clé essentielle reste le dialogue. Ne pas s’opposer à lui frontalement, car cela ne ferait que renforcer son attitude. Je conseille d’en discuter d’abord avec des collègues qui sont au même niveau afin de cerner si on est le « mouton noir » ou si le chef se comporte ainsi avec d’autres. De savoir que l’on n’est pas seul à être stigmatisé rassure. Ensuite, il faut en informer la direction des ressources humaines ou demander un rendez-vous à son n + 2 pour lui exposer la situation. Le salarié peut bien sûr tenter de discuter avec ce n + 1 anxiogène. Il doit lui expliquer qu’il a droit au respect, au bien-être dans son entreprise. En ce qui concerne plus particulièrement le manager « pote », les échanges devant la machine à café peuvent avoir lieu, mais la relation doit rester professionnelle. Le salarié doit être vigilant quand les questions deviennent inquisitrices. Plus largement, je conseille au salarié de prendre du recul, de tenter de discerner ce qui peut être vrai et ce qui est exagéré pour les remarques entendues. De savoir poser des limites, et bien sûr ne pas surinvestir son travail.

4 Définir clairement les missions. Un responsable qui se comporte de cette façon en a rarement conscience, surtout des conséquences sur les équipes. Il est difficile d’établir le dialogue s’il est « fuyant ». Il revient au responsable RH ou au n + 2 de le mettre en face de son attitude. Cela peut aussi être une personne relais, quelqu’un qui est depuis longtemps dans l’entreprise ou qui a naturellement des dispositions en matière d’intelligence relationnelle. L’objectif est alors de faire comprendre au manager malsain qu’il doit apprendre à faire confiance, qu’il doit être en mesure de définir clairement les tâches, les objectifs, les résultats et donner les moyens pour y parvenir. Mettre à plat les enjeux avec le salarié, l’équipe. Et plutôt que démolir, coconstruire.

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